Pour la 11e édition du WAT_UNESCO, la Chaire UNESCO en paysage urbain de l’Université s’est associée à la Ville d’Évry, l’Université d’Évry-Val-d’Essonne et l’École spéciale d’architecture de Paris afin de nourrir une réflexion sur la contribution des Universités à l’animation de la ville à travers un exercice de requalification des espaces publics de la ville nouvelle d’Évry.
Cet atelier intensif en design urbain se tiendra in situ dans la ville d’Évry du 15 au 24 mai 2017. Au terme de l’atelier, cinq visions stratégiques d’aménagement seront léguées à l’Université Évry-Val-D’Essonne et à la Ville d’Évry afin de les aider à co-construire leurs espaces urbains.
Située à 26 km au sud-est de Paris, la commune d’Évry est la préfecture du département de l’Essonne et membre de la Communauté d’Agglomération Grand Paris Sud Seine-Essonne-Sénart. Du village agricole en bord de Seine parsemé de châteaux qu’il était jusqu’au sortir des années 1950, il fut créé en trente ans une Ville nouvelle de 50 000 habitants. Ayant perdu son statut de Ville nouvelle en 2001, Évry conjugue les atouts d’un pôle économique, administratif, éducatif et de recherche, et les faiblesses d’une banlieue trop rapidement urbanisée. Pour faire face aux difficultés rencontrées dans ces quartiers disparates et séparés les uns des autres, la Ville met aujourd’hui en place un programme de renouvellement urbain, visant à valoriser ses qualités environnementales, économiques, et scientifiques.
Fondée en 1991 dans le sillage des universités nouvelles d’Île-de-France, l’Université d’Évry-Val-d’Essonne (UEVE) compte aujourd’hui près de 11 000 étudiants et propose plus de 160 formations réparties dans quatre pôles majeurs : Arts-Lettres-Langues, Droit-Économie-Gestion, sciences Humaines et sociales et sciences-Technologies-santé.
Bien que l’Université occupe ainsi une position centrale dans la ville d’Évry, les rapports entre la ville et l’UEVE ont jusqu’à présent surtout privilégié une dimension fonctionnelle, au détriment d’une approche sous l’angle des interactions de leurs populations respectives et des richesses sociales, mais aussi intellectuelles, qui peuvent en naître. En raison de sa situation géographique au sud de Paris et de son statut de capitale départementale, la ville d’Évry concentre en effet une importante activité en journée, mais se vide d’une partie de sa population le soir, y compris de ses étudiant-e-s qui, n’y trouvant pas suffisamment d’activités d’animation et de loisirs susceptibles de les retenir, s’en échappent dès la fin des cours.
Des efforts ont néanmoins été fournis pour développer des activités culturelles et artistiques en lien avec la ville, créer un campus universitaire plus attractif et rompre avec l’image d’« université de banlieue » qui lui est souvent associée avec certains préjugés qui l’accompagnent, même si les défis restent importants. Il s’agit de repenser son identité de pôle universitaire bien inséré dans son territoire, plus particulièrement dans sa ville, de favoriser les liens entre la population évryenne et la jeunesse étudiante, tout en encourageant le développement d’espaces communs, partagés, co-construits, propices à des échanges culturels et au dynamisme économique.
Cette articulation implique d’accroître les efforts pour l’innovation en faveur des futurs usages et destinations urbaines dans et autour du quartier universitaire d’Évry, une démarche créative qui puisse favoriser ces échanges, rompre la frontière invisible entre le campus et la ville et agir pour « une université en ville ».
Le WAT_UNESCO Évry 2017 abordera les quatre enjeux spécifiques suivants :
La mission de la Chaire UNESCO en paysage urbain est liée à la mise en œuvre des objectifs de développement durable des Nations Unies qui impliquent toutes les régions du monde. Le WAT_UNESCO interpelle directement l’objectif 11 de ce programme, soit celui de «Faire en sorte que les villes et les établissements humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et durables ».
15 mai
16 mai
17 au 23 mai
24 mai
Évry - Évry (France)
En considérant qu'Évry s'est démarquée par sa contribution quant à la recherche en génétique et au développement des industries de biotechnologie, notre approche aborde la métaphore du patrimoine génétique d'Évry pour comprendre comment il s'est exprimé dans le cadre urbain. L'identité génétique y a toujours été fortement présente.
Dès les premiers tracés de la ville nouvelle en 1969, on retrouve le schéma en croix qui rappelle étrangement la forme des chromosomes, soit le support même de l'information. Ce plan initial d'aménagement regroupait une trame urbaine rigide permettant de relier le centre, pôle attracteur de vie et d'activité, aux 4 quartiers de la ville. Un second chromosome représentant les espaces verts remplissait les interstices entre le bâti. De par cette vision d'aménagement initial, il est évident que les urbanistes avaient pour intention de densifier la ville de par les espaces d'habitation sur les 4 axes principaux radiants du centre-ville ainsi qu'une volonté d'y ajouter de grands lieux d'accueil (les parcs) entre les zones bâties.
Notre proposition s'intéresse à la porosité entre le cadre bâti et les espaces naturels qui ne semblent pas interagir l'un avec l'autre aujourd'hui. Notre vision cherche donc à activer l'axe du campus universitaire et du génopole en créant un lien direct avec les deux parcs qui l'entoure, soit le Parc des Coquibus et le parc Henri Fabre. C'est donc un 'crossing-over' qui prend forme entre deux structures distinctes pour aboutir à une nouvelle expression de la ville au travers de son campus universitaire.
Évry - Évry (France)
À l’échelle de son territoire, la ville d’Évry raconte et révèle les divers récits de sa récente histoire. Ce sont ces récits qui participent à exprimer le caractère de la ville. Or, fragmenté à travers la ville, chacun de ces récits se vit comme un monologue, une solitude. Afin d’affirmer son identité, Évry doit chercher à lier ces récits afin d’en faire sa force. L’université Évry Val-d’Essonne joue un rôle clé dans cette volonté d’affirmation identitaire. Elle doit servir de catalyseur.
L’histoire que la ville nous raconte se décline en trois grands récits :
Ces différents récits s’inscrivent sur le territoire à travers trois axes forts, tous convergents vers l’université.
Le jury a particulièrement été sensible à la mise en récit de cette proposition basée sur les petites histoires de la ville. La lecture de la ville effectuée par les auteurs a été jugée très pertinente. La fine articulation entre les espaces publics et privés ainsi que certains éléments de programmation comme le bois des lumières ont également été soulignés par le jury.
Évry - Évry (France)
Comme d’autres villes nouvelles, Évry a été au coeur d’une époque d’expérimentation et de créativité urbanistique. Aujourd’hui, elle est néanmoins en quête de renouvellement; un renouvellement qui pourrait notamment prendre avantage de sa jeunesse et de son université pour renforcer sa vitalité et la qualité de son cadre de vie.
Contrairement à d’autres villes dites étudiantes, Évry n’affiche pas les types de dynamiques qui les caractérisent, soit les dynamiques culturelles, sociales, économiques et éducatives. On peut avancer l’hypothèse que l’intégration récente de l’université dans une ville qui n’avait pas été conçue pour accueillir cette fonction explique en partie ce constat. De même, l’éclatement de son campus et de ses cursus peuvent aussi expliquer le caractère dissipé de l’animation qu’elle procure à la ville. Finalement, la perception négative des espaces publics d’Évry par la population est également à souligner.
Forte d’une population parmi les plus jeunes de France, Évry regorge toutefois de potentiels dans son tissu urbain et social pour que l’université redynamise ses quartiers.
Une analyse de la qualité du milieu évryen autour des bâtiments universitaires a permis de dégager sept centralités aux identités propres. L’espace public a été analysé pour chacune en termes de connectivité et d’étendue, le réseau scolaire en termes de densité d’établissements, l’offre en commerces et services en fonction du type et de la densité puis le réseau de transport public et de pistes cyclables en fonction de leur connectivité et de leur multimodalité. Finalement, les centralités ont été qualifiées selon la sensibilité du milieu social dans lequel elles baignent.
Pourtant, le caractère diffus de l’université dans la ville est un potentiel indéniable, soit celui de stimuler la réussite éducative et l’apprentissage tout au long de la vie. Afin de lutter contre le décrochage scolaire bien présent dans la population évryenne, la vision proposée repose donc sur la diffusion de l’université dans la ville afin de catalyser les synergies possibles. À terme, cette vision pourrait même s’intégrer à une volonté de la Ville d’Évry de joindre le réseau de l’UNESCO des villes apprenantes créant ainsi une culture de l’apprentissage.
La stratégie d’intervention passe donc par la création de centralités formées d’établissements d’enseignement supérieur existants ou réhabilités se diffusant dans la ville, vers la population.
Cette diffusion s’exprime par :
En orientant la narration du projet autour de la notion de ville apprenante, le jury considère que cette proposition développe une vision singulière de la ville et de son campus universitaire. Cette proposition pose les bases pour une stratégie à long terme ou le développement de la ville et de l’université est réfléchi de manière simultanée. Certains éléments de la proposition ont également intéressé le jury autant dans la démarche de projet que la programmation. Ce sont notamment, l’utilisation du rayon de marche comme base d’articulation des programmes, la présence des ruches d’art et de l’amphithéâtre extérieur.
Évry - Évry (France)
Territoire aux multiples facettes, la Ville d’Évry a évolué à travers un grand nombre de mouvements urbanistiques et architecturaux. Elle se retrouve aujourd’hui submergée par une hétérogénéité d’éléments et de formes. Aujourd’hui, cette condition hétérogène est parfois mal perçue. Mais sous certains angles (espaces verts, patrimoines, architectures, textures urbaines, etc.), elle peut représenter des atouts qu’il faut préserver, mettre en valeur et développer sur l’ensemble de son territoire urbain.
La vision stratégique d’aménagement sous le thème « Infiltration » est une intention paysagère qui aspire à remettre en valeur les singularités du territoire evryen. Cette vision propose de les réinvestir en les plaçant au coeur des préoccupations actuelles et futures de la ville afin de concilier les enjeux de la municipalité d’Évry et de l’Université Évry Val-d’Essonne. Cette vision stratégique (infiltration) a pour but de renforcer l’identité territoriale à travers un dialogue en proposant pour un horizon 2030-2050 la réaffirmation du savoir dans la ville en créant une centralité universitaire le long des berges de la Seine. Celle-ci prendra forme avec le développement d’un complexe environnemental qui dynamisera l’ensemble du territoire evryen.
Ainsi en se réappropriant les berges de la Seine, soit le premier front urbain de la Ville d’Évry, cette centralité devient un nouveau point de repère identitaire pour la ville de demain.
La vision d’aménagement met en place une armature verte et bleue qui s’infiltrera à travers le territoire pour rejoindre “l’ancienne ville nouvelle d’Évry”. Pour ce faire, la vision propose des dispositifs de ramification paysagère qui s’appuient sur les singularités des milieux de vie, des éléments du passé, des formes urbaines et des structures végétales. Il s’agit ici de proposer des “activateurs” de sens culturel et écologique qui contribueront à fabriquer une image forte d’une ville ancrée dans son territoire et qui mise sur des institutions universitaires orientées sur l’éducation au développement durable. À ce titre, cette stratégie sur le plan programmatique vise à atteindre certaines cibles des objectifs du développement durable des Nations Unies (Référence: Objectif cible 11 de son programme soit, de faire en sorte que les villes soient ouvertes à tous, sûres, résilientes et durables).
Évry - Évry (France)
Habiter la ville par le partage
L’Université d’Evry Val d’Essonne, définie par ses 11 000 étudiants, ses160 formations et son appartenance au ComUE Paris Saclay, qualifie une caractéristique majeure de son site. Bien que de renommée mondiale, l’Université reste une entité isolée de son territoire. Perçu comme enclave, le pôle universitaire épouse la composition urbaine existante structurée de juxtapositions de quartiers. Ce fractionnement restreint l’expression identitaire d’Evry. Sans interactions, la ville ne peut être habitée et développée par ses étudiants.
L’édification d’une stratégie de partage entre l’Université et la Ville libère les potentiels de ces deux entités. Cette ambition se spatialise au sein de dynamiques ponctuées exprimant le caractère urbain de l’université. Moteur de la dynamisation du centre urbain, l’ouverture de l’Université amorce le processus de désenclavement d’Evry.
La rencontre citoyenne se formalise par une politique de valorisation urbaine. La méthodologie énonce une première étape analytique de reconnaissance des potentialités isolées. La spatialisation prend appui sur les atouts propres au territoire. Le caractère de ces forces urbaines existantes est symbolisé par leurs qualités sensibles. Cette logique permet l’émergence de nouveaux usages urbains en adéquation avec la particularité territoriale dans laquelle ils sont reconnus et dont l’identité dépend de leur utilisation partagée.
Le jury a évalué cette proposition comme la plus aboutie et la plus ciblée sur les enjeux identifiés. Le jury a également particulièrement apprécié le fait que la proposition aborde simultanément un quartier d’habitats, le centre commercial et le campus universitaire. Au-delà de la communication qui est très réussie, la proposition possède plusieurs points forts notamment le développement de différents programmes articulés autour de la notion de partage.