5 septembre — 20 décembre 2005
En automne 2005, 10 étudiants à la maîtrise en architecture de paysage de la Faculté de l’Université de Montréal s’intéressent à Saïda Wastani (Liban) et les enjeux d’aménagements périurbains qui touchent cette ville.
L’atelier « Processus et design » constitue un atelier charnière dans la formation des étudiantes et étudiants à l’École d’architecture de paysage. Précédant le projet de fin d’études, il permet d’aborder toute la complexité d’un projet qui consiste à faire des choix de design et de stratégies paysagères pertinents, supportés par une réflexion théorique soutenue sur un concept contemporain de paysage. À travers ce processus, les composantes physico-spatiales, socio-économiques et culturelles du lieu sont intégrées au projet de manière cohérente. Dans cette démarche, le concept du design devient tout autre qu’un résultat final, il est l’objectif central d’intérêt.
(Extrait de la publication WORKSHOP LIBAN : Saïda en projets de paysage)
Les paysages du Liban se sont particulièrement révélés au XIXe siècle par les orientalistes européens. Leurs récits de voyage, qui oscillent entre le réel et l’imaginaire, livrent les singularités d’un pays dans un temps donné et, surtout, proposent une lecture d’un pays dans sa contemporanéité. Regards exogènes, ils conviennent à un univers de sensibilités qui a contribué à fabriquer le caractère identitaire de ce territoire. Le propos qui suit esquisse l’apport de l’un de ces auteurs aux particularismes de l’Orient et indirectement aux paysages du Liban. L’analyse interprétative du récit de voyage de Gérard de Nerval, proposé dans le texte qui suit, met en évidence les attributs d’un paysage libanais et évoque quelques spécificités paysagères de la ville de Saïda. Ce balisage jette un éclairage singulier à travers ce récit d’une époque certes révolue, mais qui prend toute sa cohérence face au dessein actuel d’un territoire de plus en plus soucieux de la mise en valeur de ses lieux.
Les thèmes d’analyse proposés se regroupent en trois (3) catégories, soit :
Liban, perspectives historique, sociale et culturelle, contexte géographique, physico-spatial et urbanistique
Saïda, caractérisation historique, physico-spatiale, urbanistique et environnementale
Dossiers complémentaires
Saïda Wastani - Saida (Lubnan)
Extrait du rapport
La Tunisie s’inscrit dans une histoire longue et riche. Une culture, à la fois, méditerranéenne, orientale, occidentale, africaine. Cette multiplicité des facettes et son positionnement au carrefour du développement de la société par l’être humain en fait une place de choix. À l’image d’un palimpseste, l’histoire de la Tunisie nous renvoie un portrait en condensé de l’évolution structurelle, spatiale, culturelle, intellectuelle de l’être humain à travers les siècles, et ce bien avant notre ère.
Dans ce travail, il sera question d’exprimer, par des faits, l’évolution de l’occupation du territoire en Tunisie. Il ne s’agit pas de révéler uniquement son occupation, mais de tracer une évolution dans le façonnement d’une région par l’être humain. Comment par la colonisation, le développement de nouvelles techniques, l’être humain s’est ancré dans cette région de l’Afrique du Nord. C’est à travers les récits des explorateurs, des grands voyageurs, des littéraires, des dirigeants politiques, des habitants que nous pouvons comprendre et voir sous un autre regard la réalité qui nous entoure. De plus, les traces matérielles, telles : les vestiges et les ruines nous permettent de visualiser de s’imaginer la vie à une autre époque. Ces traces nous permettent de comprendre le fonctionnement économique, social, culturel d’une période.
Saïda Wastani - Saida (Lubnan)
Extrait du rapport
De l’antiquité à nos jours, les versants boisés du Liban ont fait sa renommée. Le fait est que ce cap boisé contraste fortement avec les contrées désertiques qui l’entourent. L’ensemble des caractéristiques géographiques tel le climat, l’hydrographie et la végétation sont étroitement liés au relief marqué de ce territoire et lui confèrent son caractère unique. Par conséquent, ce petit pays se compose d’unités de territoire fortement caractérisées et surtout très contrastantes.
Le présent document dresse un profil de la géographie physique du Liban. La référence clé sur laquelle se base le document est une étude de géographie physique d’Étienne de Vaumas, docteur en lettre et chargé de recherche au centre National de la recherche scientifique. L’ouvrage, accompagné de son dossier photographique et cartographique fait état et analyse la géographie du territoire libanais. C’est un document exhaustif qui a demandé beaucoup de synthèse. Cette parution date de 1954, mais pour un domaine tel que la géographie physique où les changements majeurs s’opèrent lentement, la date de parution a moins d’incidence.
Saïda Wastani - Saida (Lubnan)
Extrait du rapport
Parmi les disciplines de l’aménagement, l’architecture de paysage est celle qui s’intéresse d’abord et avant tout au sens culturel et social du territoire. C’est l’organisation de l’homme en société et sa production culturelle qui donne son sens à celui-ci. Il est donc essentiel, pour intervenir sur un territoire spécifique, de tenter de comprendre les différentes cultures et sociétés qui ont façonné ce territoire à travers le temps, mais aussi de comprendre la culture qui l’habite et le transforme au quotidien. Point de contact entre l’Orient et l’Occident, le territoire du Liban offre, par la sédimentation des cultures qui l’ont forgé, une opportunité de compréhension de ce phénomène. Ainsi, le portrait socioculturel du pays à travers à une analyse sociale, culturelle, économique et politique - dans une dimension historique et contemporaine - devrait permettre de mettre en lumière des éléments qui alimenteront un éventuel projet d’architecture du paysage dans le pays des cèdres. Cette analyse s’articulera en trois temps. Il sera tout d’abord question de la dimension historique de la société libanaise. Nous tenterons ainsi de dresser un portrait des différentes communautés qui peuplent le Liban, en retraçant leur origine et les mécanismes qui permettent leur cohabitation. Il sera ensuite question de la situation contemporaine de cette société, à travers l’étude de la diaspora et la naissance de la classe urbaine. Enfin, une réflexion sur les manifestations culturelles et sociales en aménagement tentera, dans un troisième, temps de définir la dimension culturelle de l’espace phénoménologique libanais. Celle-ci s’articulera par une gradation des échelles, allant de l’habitat au territoire, en passant par l’aménagement urbain contemporain.
Saïda Wastani - Saida (Lubnan)
Extrait du rapport
À l’aire de la reconstruction, quinze ans après la fin de la guerre civile, c’est l’ensemble du territoire libanais qui se métamorphose.
Marquées d’influences urbanistiques diverses, les villes libanaises tendent à s’étendre sur le territoire. Cette pression des villes marque la création de grandes agglomérations urbaines et le développement de périphéries entraînant avec elles la disparition de la notion de limites, de fin de la ville. La ville n’est plus une entité finie et intelligible comme l’étaient les anciennes médinas. Cette expansion urbaine change complètement notre compréhension et notre perception des espaces urbains, modifiant ainsi notre lecture du paysage libanais.
Devant ce nouveau phénomène, il semble primordial de comprendre une telle évolution de l’urbanisation du territoire dans le but d’en saisir ses enjeux sociaux, économiques et environnementaux ainsi que leurs effets sur le développement du paysage libanais.
Saïda Wastani - Saida (Lubnan)
Extrait du rapport
L’objectif premier de cet ouvrage est de relater l’histoire de Saïda, ville mythique, à travers les grandes périodes historiques qu’elle a connues. Il sera démontré que la ville s’est réellement forgée une singularité parmi les villes anciennes de la côte méditerranéenne. Avec la compréhension des différentes étapes qu’a traversées cette cité, il est possible d’en dégager certaines formes urbaines issues d’époques marquantes. On le verra, le tissu urbain d’une grande densité et la présence des souks ont donné forme à des interactions humaines bien particulières.
Saïda Wastani - Saida (Lubnan)
Extrait du rapport
Du Nord au Sud, la côte méditerranéenne demeure bien présente dans l’esprit des gens à travers les époques. De la préhistoire à aujourd’hui en passant par l’ère phénicienne, perse, romaine, mamelouke et autre, la terre se trouve marquée, voire même cicatrisée, par cette superposition de périodes bien distinctes. Chacune d’entre elles comporte leurs propres caractéristiques quant à l’architecture, les matériaux employés, l’urbanisme et la culture de ces gens. D’anciennes fondations, nécropoles, temples et objets permettent de parcourir et relater les peuples prédécesseurs. Toutefois, encore bien des secrets dorment sous quelques mètres de terre et n’attendent plus qu’à libérer leur histoire.
Saïda Wastani - Saida (Lubnan)
Extrait du rapport
Les perceptions urbaines occidentales sont à l’antipode de ce que la ville signifie pour les Orientaux ou du moins l’étaient puisque la plupart des grandes villes du Moyen-Orient se sont transformées au contact des visions urbanistiques venant de l’Occident. Les chemins de fer ont souvent ouvert la voie à une colonisation européenne et des villes comme Damas en Syrie, Le Caire en Égypte, Beyrouth au Liban et d’autres villes d’Afrique du Nord comme Alger ou encore Rabat, ont connu un véritable bouleversement de leur situation existante. Les effets de la colonisation ont amené ces villes vers un dualisme urbain entre des tissus anciens et nouveaux. D’autres villes comme Ténès, Tiaret et Saïda ont été l’objet de créations urbaines ou, plus communément, de villes dites nouvelles.
Saïda, ville côtière du Sud-Liban, s’est donc considérablement transformée au contact occidental. Le phénomène de dualité entre la vieille et la nouvelle ville est perceptible (CHALINE, p.42-43). Saïda est souvent nommée par sa ville ancienne et sa ville nouvelle ou encore la ville double.
Au 18e siècle, le paysage de Saïda et ses perceptions occidentales étaient vus au travers les artistes et leurs œuvres romantiques et pittoresques. Presque toujours, ces œuvres représentaient Saïda vue de l’extérieur incluant la mer, des scènes de pêche et de commerce, des vergers ou des jardins et l’enceinte de la ville fortifiée. Selon Madina (1997), ces perceptions pittoresques de Saïda n’étaient pas du tout semblables à celles du voyageur occidental qui pénétrait l’intérieur même de la ville. L’Occidental se sentait désorienté, prisonnier de ces conduits, labyrinthes sans ouverture et sans repère qui semblaient repousser et non pas inviter à une progression. Saïda était perçue comme une multitude de cubes serrés les uns contre les autres.
Saïda Wastani - Saida (Lubnan)
Extrait du rapport
Petite ville côtière, à l’origine des peuples phéniciens, Sidon aura connu la gloire à maintes reprises. Son cadre naturel et sa situation géographique stratégique sont la source première de cette prospérité momentanée. Ce cadre étant à la fois sa raison d’être et celle de son malheur...
Invasions, pillages, dominations et catastrophes naturelles font partie du quotidien pour cette cité. Pionnière de son temps, elle a su y résister, et ce avec fierté. Persévérante dans ses actions, elle vise un avenir prospère, propice à la paix et à l’évolution de son territoire.
L’équilibre économique recherché, Sidon use de sa réputation de commerçante affranchie. Échanges, développement, expansion sont à l’ordre du jour, entrecoupés par de faibles négations qui sont inévitables sous un manque de contrôle absolu.
Peuple du passé, sa mémoire persiste sans négliger le futur.
Saïda Wastani - Saida (Lubnan)
Extrait du rapport
Aujourd’hui… la Méditerranée nous inquiète. Ainsi, au XXe siècle, elle se mondialise, et devient un lieu où s’affrontent continuellement les religions, les pauvres, les riches, l’Orient, l’Occident ainsi que le Nord et le Sud. La Méditerranée est devenue malgré elle une limite entre deux mondes : le Sud et le Nord. Autrefois un tout, elle forme actuellement deux unités qui contrastent particulièrement : le Sud est soumis à un amoncellement de difficultés importantes amplifié par un islam de plus en plus radical, tandis que le Nord se voit incapable de résoudre les problèmes nés d’un chômage alourdi par les progrès techniques.
Actuellement, la Méditerranée se déchire, se perd et se cherche. Elle se cherche perpétuellement une identité et une place dans cette ère planétaire. Ses villes subissent des changements accélérés multiples, ce qui engendre plusieurs problématiques et enjeux.
Saïda Wastani - Saida (Lubnan)
Extrait du rapport
À l’aube de l’ère industrielle lorsque les villes commencèrent leurs processus d’industrialisation, les théoriciens et planificateurs urbains préconisaient une faible densité urbaine afin de permettre une meilleure circulation de l’air. Le développement des trains et des transports en commun fut à l’origine de cette pensée. C’est pour cette raison que le célèbre urbaniste britannique Ebenezer Howard imaginera le concept de cités-jardins basé sur le principe et le désir d’étaler l’urbanisation en faveur d’une meilleure qualité de vie.
Dans l’état actuel des choses, la population mondiale subit un accroissement d’environ un quart de million par jour alors que la population urbaine, elle, subit une augmentation d’environ un million de citadins par semaine. À ce rythme, les estimations pour les trente années à venir présagent un dépassement de la population urbaine qui sera le double de la population rurale.
La dynamique des périphéries urbaines est tributaire de nombreux facteurs parmi lesquels nous pouvons compter : la croissance démographique, les avantages et perspectives économiques, les mutations sociale et historique, etc. L’accroissement des populations dans les agglomérations pose de plus en plus aujourd’hui le problème d’espace. On arrive très rapidement à un épuisement du foncier tant les demandes des promoteurs sont importantes. On voit ainsi des populations entières s’installer en périphérie urbaine dans un but de chercher un meilleur cadre de vie que celui des villes de plus en plus surpeuplées.