1 septembre 2012 — 17 janvier 2013
Des étudiants finissants de l’École d’architecture de paysage de la Faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal conçoivent 8 visions d’aménagement pour la requalification de la Pointe-du-Moulin et du Havre de Montréal.
En automne 2012, 36 étudiants finissants en architecture de paysage ont participé à un atelier de l’École d’architecture de paysage de la Faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal sous le thème La Pointe-du-Moulin, Futurs possibles.
La fermeture, en 1994, du Silo No.5 situé sur la Pointe-du-Moulin dans le Vieux-Port de Montréal, marque la fin d’une époque pour ce site emblématique de Montréal. Bien que le transbordement du grain soit toujours possible sur d’autres sites portuaires, la structure construite entre 1903 et 1906 puis rénovée est agrandie en 1914, 1924 et 1959, demeure en quête d’usages et surtout d’une réappropriation publique. Actuellement abandonnés, cette structure industrielle et les espaces qui s’y rattachent, posent depuis plusieurs années des questions sur leur devenir.
Depuis 2010, le Silo No.5 ainsi que d’autres terrains fédéraux situés sur la Pointe-du-Moulin, ont été transférés à la Société immobilière du Canada (SIC) dans l’objectif de mettre en place un processus de planification qui vise le redéveloppement des terrains et installations. Ce vaste programme s’insère dans un contexte plus vaste de réflexion portée jusqu'en 2013 par la Société du havre de Montréal qui vise à revaloriser l’ensemble du territoire riverain entre les ponts Champlain et Jacques-Cartier. Le présent atelier de design (APA 4300 – Processus et design – 2012) vise à contribuer à la réflexion sur le devenir de ce site.
La finalité de l’atelier est de développer et de parfaire les connaissances dans la mise en œuvre de projets de paysages (design urbain) intégrant l'application d’enjeux de préservation, de mise en valeur et de développement de territoire urbain à travers la prise en compte de considérations sociale, culturelle, économique, politique, physico-spatiale, environnementale du lieu.
De manière spécifique, l’exploration des futurs possibles de la Pointe-du-Moulin et de son contexte plus large du Havre de Montréal sera utilisée afin d’alimenter la réflexion menant à la planification du secteur à travers, d’une part, les exercices d’analyse et de conception qui viseront la production de projets de design urbain et d’architecture de paysage, mais également à travers une réflexion critique sur les projets. À l’image d’une synthèse énonçant les lignes directrices pour l’avenir du site qui peuvent être tirées des projets conçus, cette réflexion critique servira également à rendre plus explicites les apprentissages faits par les étudiants à propos du site, de ses potentiels et contraintes d’aménagement. Elle permettra également de mieux souligner la narration qui soutient le design proposé.
Ainsi, l’atelier est divisé en trois phases distinctes :
Phase A : Macro-design (du 1er octobre au 5 novembre 2012)
La jetée de la Pointe-du-Moulin se situe dans un territoire en transformation, le Havre de Montréal qui inclut notamment la Cité de Multimédia, le quartier Griffintown, l’autoroute Bonaventure et le canal de Lachine. Cette première phase de travail vise à :
Phase B : microdesign (du 8 novembre au 10 décembre 2012)
Sur la base de sites porteurs d’occasions de projet ainsi que des principes guides identifiés dans les macrodesigns de la phase A, l’objectif de la phase B est de :
Phase C : Synthèse et principes et critères de design (du 13 décembre 2012 au 7 janvier 2013)
À travers cette dernière phase de l’atelier, il s’agit de faire un retour critique sur les phases A et B et de l’atelier pour dégager des principes et critères d’aménagement pour la poursuite du processus de planification en cours qui pourraient, dans la foulée et à titre d’exemple, alimenter ou mettre en œuvre un plan directeur pour la Pointe-du-Moulin (réf.: SIC).
La Chaire UNESCO en paysage et environnement de l’Université de Montréal tient à remercier la Société immobilière du Canada et la Société du Vieux-Port de Montréal pour leur contribution à la réalisation de cet atelier.
La Pointe-de-Moulin
Montréal - Montréal (Canada)
[Extrait de la synthèse]
« C’est derniers vestiges de l’ère industrielle du Port de Montréal sont aujourd’hui en attente d’une requalification à la hauteur du rôle qu’ils ont tenu dans le passé. Celle-ci devra s’étaler sur plusieurs années. L’étude […] nous a permis d’identifier trois thématiques principales qui orienteront la proposition d’aménagement[.]
De par son rôle dans l’histoire industrielle, sa position stratégique à l’intérieur des réseaux de transit et sa relation face aux icônes qui forment l’identité de Montréal, le site de la Pointe-du-Moulin bénéficie d’une centralité méconnue. Quoi de mieux pour dévoiler cette caractéristique que l’image de la gare. Au même titre que la gare, la Pointe-du-Moulin a su traverser le temps et fut depuis ses débuts le témoin de notre histoire. Lieu destiné au déplacement des populations, la gare possède une emprise importante dans la ville et joue le rôle de point de repère grâce à son architecture toujours très distinguée. De par son caractère monumental, le Silo no. 5 peut facilement occuper cette position, si ce n’est pas déjà fait. De plus, son rôle se complémente très bien aux autres sphères culturelles et économiques de la ville ».
La Pointe-de-Moulin
Montréal - Montréal (Canada)
[Extrait de la synthèse]
« Le site du Silo no.5 et ses environs sont des lieux qui demandent une requalification et une reconfiguration d’envergure afin que cet endroit de la ville s’intègre à sont milieux et retrouve de nouvelles fonctions. La perception de la population sondée, lors de nos visites, est que le site est à l’abandon alors qu’il devrait être en rénovation afin de permettre sa conservation ainsi que son intégration mettant le patrimoine inhérent aux structures du silo no.5 en valeur.
Les recommandations de la SIC sont: premièrement que ce nouvel ensemble urbain soit conçu en continuité avec son contexte et son environnement immédiat, puis que des fonctions complémentaires et mixtes y soient programmées. Ensuite, qu’une valorisation du patrimoine et de l’historique du site y soit promue. De plus, le désir voulant que ce lieu devienne une destination en soi pour les visiteurs et les touristes. Aussi, les points de vue sur la ville et les alentours devraient être exploités par l’aménagement d’un belvédère. Finalement, la somme de ces recommandations devrait s’inscrire dans une démarche de participation citoyenne afin que le lieu devienne un symbole d’appropriation.
Nous avons relevé les opportunités et contraintes des lieux soit dans l’ordre, la proximité géographique avec l’eau (le fleuve et le canal Lachine), la quantité d’espaces à investir, la proximité du Vieux-Port de Montréal, le patrimoine bâti encore présent sur les lieux et l’histoire s’y rattachant. En contrepartie, le lieu est enclavé, les alentours n’offrent aucune densité résidentielle et le site est déstructuré à cause des infrastructures routières et le secteur d’activité industriel qui lui est associé ».
La Pointe-de-Moulin
Montréal - Montréal (Canada)
[Extrait de la synthèse]
« Le secteur de la pointe-du-moulin situé dans le Vieux-Port de Montréal se compose de structures autoroutières, industrielles et résidentielles. La mixité d’affectations en fait un paysage fragmenté et hétéroclite. Le but de ce projet est de développer ce secteur en respectant son évolution historique afin d’en faire un pôle économique viable et attrayant. Le projet se doit d’être réalisé dans une logique de développement à long terme en plus de s’intégrer dans une vision innovatrice ».
La Pointe-de-Moulin
Montréal - Montréal (Canada)
[Extrait de la synthèse]
« Le parcours du TRAVAILLEUR:
C'est un usager de l’espace qui se déplace à environ 5 km/h. Il va du point A au point B, en empruntant le chemin le plus court. Il se déplace rapidement, en ne faisant que des arrêts stratégiques. Il se sent donc très confortable dans un espace vaste, sans trop de détails.
Le parcours du FLÂNEUR:
À une vitesse de 3 km/h, il porte une attention particulière aux détails sur son chemin. Il est le promeneur le plus social du quartier et le plus lent, car il se permet de faire des pauses afin de mieux saisir l’environnement dans lequel il se trouve.
Le parcours du TOURISTE:
Il est très minutieux et s’attarde aux détails et les prend en photo. Bien qu’il ne soit que de passage dans le quartier, il le traverse lentement, soit plus ou moins à 3 km/h et sa promenade est ponctuée d’arrêts. Il est à la recherche d’évènements culturels et sociaux, ou d’attraits historiques.
Le parcours du SPORTIF:
Habitant souvent le quartier même, il est le marcheur le plus rapide. Atteignant jusqu’à 10 km/h, il est sans aucun doute le promeneur le plus asocial du groupe. Il n’a qu’un objectif, compléter son parcours de façon sécuritaire, en profitant de l’air pur et en admirant les vastes paysages ».
La Pointe-de-Moulin
Montréal - Montréal (Canada)
La Pointe-de-Moulin
Montréal - Montréal (Canada)
[Extrait de la synthèse]
« Est-ce possible d’offrir plus de satisfactions aux habitants d’un quartier tout en consommant moins de ressources? Y a-t-il moyen de revoir certains modèles de développement qui consomment beaucoup d’espace et d’énergie et d’en améliorer la qualité de vie à la fois?
C’est en réponse à ces questions que le concept de « ville frugale » se manifeste, avec une approche qui reconnait un schéma dépassé dans lequel la voiture domine, mais qui considère l’existant et la dimension temporelle. Ainsi, il n’y est pas question de faire table rase, car c’est un renouvellement progressif et des objectifs de confort urbain et d’économie qui définissent cette idée générale.
De la sorte, avec cette vision inspiratrice et moteur de changement en filigrane, nous proposons un nouveau prototype de développement résidentiel et un nouveau modèle de parc urbain axé sur la réduction des dépenses énergétiques, l’amélioration du cadre de vie et dans le sens du progrès ».
La Pointe-de-Moulin
Montréal - Montréal (Canada)
[Extrait de la synthèse]
« Le processus d’idéation concernant la requalification de la Pointe-du-Moulin amène à réfléchir à l’avenir des secteurs qui lui sont adjacents. D’une part, bien que l’activité industrielle soit en baisse dans ce secteur, le caractère industriel demeure prédominant dans le paysage. D’autre part, les secteurs du Technoparc et de la Cité-du-Havre sont quant à eux dotés de paysages fonctionnels et peu significatifs. Il est par ailleurs important de considérer la présence imposante de l’autoroute Bonaventure sur le territoire et du projet de reconstruction qui lui est associé.
En regard des objectifs visés par la SIC et des différents constats concernant l’état actuel du territoire, un éventuel réaménagement du secteur devrait miser sur les grandes problématiques du site qui sont liés à deux grands thèmes, soit l’identité et l’accessibilité. En ce qui concerne l’identité, il s’agirait essentiellement de mettre davantage en valeur la richesse patrimoniale importante qui réside dans le passé de ce territoire. Pour ce qui est de l’accessibilité, cela concerne surtout une plus grande ouverture du secteur à la population par le biais de nouvelles fonctions et d’un design qui répond mieux aux réalités d’aujourd’hui ».
La Pointe-de-Moulin
Montréal - Montréal (Canada)
[Extrait de la synthèse]
« Dans le cadre de ce projet, le mandat qui nous a été donné consiste à intervenir sur un site comportant plusieurs problématiques agissant de manière défavorable à l’optimisation de tout son potentiel. Ce secteur localisé à proximité d’un pôle touristique majeur, le Vieux-Montréal, doit répondre à la fois aux exigences d’une clientèle touristique en plus de subvenir aux besoins des futurs citoyens des nouveaux quartiers à venir. Pour l’instant, le site en question comporte plusieurs barrières physiques qui le scindent en fragments distincts et dépourvus d’identité propre. Les restes d’un patrimoine riche mais oublié gisent ici et là, dans l’attente d’un nouveau souffle qui viendra leur redonner leurs lettres de noblesse. Redonner vie à un quartier éteint, dominé par des infrastructures routières fonctionnelles, voilà le défi qui nous a été posé. »